7 mai 2015

Elever ses enfants en Allemagne : Florence à Munich


Après Eolia à Francfort, nous partons cette semaine à Munich où Florence et sa famille - un mari et trois enfants : des jumeaux de 11 ans et un petit dernier de 6 ans - habitent depuis près de dix ans. Florence tient un blog, elle a écrit un guide sur les adresses gourmandes de Munich, et travaille actuellement dans une agence de design.

Qu'est-ce qui vous a surprise dans l'éducation allemande ?
J'ai posé la question à ma fille ce matin et elle m'a dit : « les parents allemands sont moins stricts ».
Effectivement, c'est aussi ce que je perçois. Par exemple, quand on va au parc : les parcs français sont propres, avec un revêtement en caoutchouc bien rassurant. En Allemagne c'est du sable et des jouets en bois. La maman française se pose sur un banc, discute avec ses copines, et regarde ses enfants de loin. La maman allemande, elle enlève ses chaussures, ses chaussettes et elle fait des pâtés dans le sable avec ses enfants !
Les parents allemands laissent expérimenter. Si l'enfant n'est pas prêt à faire quelque chose, on va discuter, attendre, négocier. Moi, à l'inverse, je pétais les plombs. Quand j'arrivais au kindergarten avec la poussette pour chercher les jumeaux, je n'avais pas le temps d'attendre ! Beaucoup de choses se décident après discussion et le dialogue.

Priorité aux enfants
J'ai surtout vu autour de moi des mamans qui avaient leurs enfants tard, autour de 40 ans, et il y avait donc moins d'enfants par famille. Les femmes se consacrent entièrement à leur enfant une fois qu'il est né. Soit elles s'arrêtent de travailler un long moment, soit elles reprennent à temps partiel, avec des horaires calqués sur ceux de l'école.
En primaire et en maternelle, à midi les enfants sont dehors. On voit peu de nounous à la sortie de l'école. Ce n'est pas très bien vu – on vous traite de « Rabenmutter » (mauvaise mère) si vous recommencez à travailler à temps plein quand votre enfant a trois mois. Je dirais même que c'est inconcevable ! Il y a des aides, je crois jusqu'à 68 % de son salaire jusqu'aux 3 ans de l'enfant.

Sur l'autonomie
Munich est une ville sûre où les enfants se déplacent seuls. Mon fils avait invité un copain (de 7 ans), un après-midi. A la fin de la journée, je lui ai demandé si ses parents venaient le chercher. Et bien non, il a sorti son petit portefeuille, sa carte de transport et il est reparti en bus ! Les miens prennent le métro seuls depuis le CM2. Et ça n'a rien d'extraordinaire.
Je garde mes valeurs de Française, mais dans la vie de tous les jours, je laisse plus de liberté et d'autonomie à mes enfants, même si ce n'est pas fait comme je veux et que ce n'est pas impeccable. A l'école, ils sont plus à l'aise, ils participent. En France, ça reste : « je dis et tu fais ».



L'alimentation
On s'adapte ! A la kindergarten, les enfants devaient apporter leur petit déjeuner. Je l'ai fait à la française avec croissant, confiture. On m'a fait comprendre que ça n'allait pas du tout et qu'il valait mieux leur donner une tartine de pâté ! Un jour, un père nous gratifié d'un long monologue qui pouvait se résumer à : « il faut donner du poivron au goûter aux enfants ». Donc j'ai changé les habitudes alimentaires. Les enfants mangent plus salé. Au petit déjeuner, pas un prend de la confiture ! Ils mangent des œufs et des légumes crus (carotte, concombre, poivron). A midi, s'il y a une cantine les enfants mangent chaud, sinon c'est une lunch box. Le soir, on ne mange pas chaud. Les Allemands me regardaient avec de grands yeux quand je leur disais que je cuisinais le soir car pour eux, c'est l'« Abendbrot » : pain avec fromage, charcuterie, œuf et légumes crus à croquer.


Apprentissage scolaire
Les enfants rentrent à l'école plus tard. Vers 7 ans. En général, les parents choisissent s'ils sentent leur enfant prêt ou non. L'entrée en école primaire est tout un événement. Les grands-parents accompagnent. Les enfants viennent à l'école avec une Schultüte (photo ci-dessus), remplie avec de la papéterie et des friandises. La première année, c'est tranquille mais après, ça booste !

Communion avec la nature
Pour moi parisienne, citadine, frileuse, c'était l'horreur au début ! Les enfants sont dehors tout le temps. Au Kindergarten, on m'a fait acheter une salopette, comme une combinaison de pêcheur qui s'enfile par-dessus les vêtements et qu'on enfile en cas de forte pluie. Ce n'est pas plus mal, les enfants restent propres. S'il neige, ils mettent une combinaison de ski. L'hiver, les mamans - qui sont bien courageuses -, remplissent le thermos de chocolat chaud et vont faire de la luge ou du patin.
L'été, tout le monde se baigne, on fait du vélo. A trois ans, les enfants savent faire du vélo. Dès qu'ils tiennent debout, on leur offre une draisienne. Aujourd'hui mes enfants ont beaucoup de mal à rester à l'intérieur !

Merci beaucoup Florence !

(Photos du haut et du bas : Florence Bretzel, excepté l'Abendbrot via Tumblr)

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